lundi 20 décembre 2021

L'ERREUR EST URBAINE "Et la critique est saine" (Réflexions non académiques d un adhérent autour de la Beaujoire, le 9 novembre 2021)

 

L'ERREUR EST URBAINE

"Et la critique est saine"

(Réflexions non académiques d'un adhérent autour de la Beaujoire, le 9 novembre 2021)

Le quartier Nantes Erdre fin des années 80

Y aurait il une erreur urbaine au quartier Beaujoire à Nantes Erdre ?

Un bout de ville périphérique en mutation (sans aller jusqu' à Pripiat);  "vert" et le plus faiblement peuplé de la Métropole de Nantes, ses ex vergers, ses ex puits, ses ex chemins, ses ex talus, son ex village : la "Beaujoère", ses toits en shed, ses usines, ses ex locomotives à vapeur: les Batignolles, un stade de foot, une halle XXL, un périphérique, un tramway, des micros quartiers pavillonnaires, des copropriétés, une cité, une jolie rivière: une retenue d'eau en accès partiellement privatisé.

Ici, vous ne trouverez pas beaucoup de petits commerces, pas de grand marché populaire, de fête patronale, de carnaval, pas de cinéma; plus de soirées dansantes dans la salle festive (le DUB étant trop bruyant).

On trouve en revanche, beaucoup de magasins alimentaires: Carrefour, Leclerc, LIDL, Intermarché, un petit U express, un petit Carrefour City, deux Bio-coop, un autre magasin bio et un Castorama.

Ce n'est pas ici qu'on mourra de faim tant qu'on aura les moyens.

Notons l'absence de WC publics pour une ville accueillante, bienveillante, moderne et attractive.

Un marché à 2 km d'ici à St Joseph de Porterie; la plupart des gens du coin vont aux Supermarchés, c'est pratique, on y trouve des prix bons marchés et des places pour se garer.

Une mer de bitume et des publicités :

  • 15 hectares de parkings stériles et asphaltés.

  • Une cinquante de panneaux publicitaires et des caméras de surveillance pour nous sentir en sécurité.

Pour les peines de cœur ou de l'"âme",  une farandole d'édifices religieux, catholique, protestant, orthodoxe, mosquée, qui dit mieux? Existe t il ailleurs pareil endroit? Le Paradis est ici, face à la rue Louise Michel.

Les jours de matchs, les jours d'expo au palais, ça grouille de monde, les gens se garent même parfois le long du périphérique, le long des routes sur les pistes cyclables.

Certains riverains ferment des barrières pour fermer leur enclos, accès privé, chacun chez soit. Il faut dire qu'avant le stationnement était sauvage, difficile de sortir de sa maison.

Les jours de matchs, des supporters urinent le longs des limites des propriétés, ça agace le voisinage.

Tout est bien pensé pour la tranquillité :

  • En cas de soucis, les internautes citoyens prennent des photos qu'ils mettent sur les réseaux sociaux.

  • En cas d'incivilité, les gens peuvent utiliser l'application "Nantes dans ma poche".

  • En cas de graffiti, la brigade anti graffiti efface rapidement toute revendication illico.

  • En cas de ras de bol général vous pouvez remplir un formulaire à la maison de la tranquillité.

  • En cas de problème gastrique, l'indispensable "applicacation" "Ici Toilette"*

*PS: Les start-up locales travailleraient déjà sur un QR code pour se passer de PQ.

Les soirs de fêtes, hors matchs, des gens dans des voitures font des rodéos sur les parkings, parfois de la mini moto.

Les mouettes volent à la recherche de frites oubliées par les supporters.

Les bois alentours servent de dépotoirs, de nombreux gobelets, bouteilles et sacs plastiques se mêlent au décor végétal, à la nature en vrille (ville).

Quelques êtres perdus dorment sous des bâches ou sous des tentes... 8 6, bière XXL, bouteilles de rhum pour cuisiner, sachet d'herbe à côté des trottinettes.

Le week-end, des fêtards picolent le soir et les voitures font boom boom sous le seul pont du secteur, un abris gratuit pour danser quand il pleut.

Le soir encore plus tard, des couples se rejoignent dans les bois ou dans leurs voitures, échangent parfois de l'argent contre un semblant d'amour.

C'est un peu la vie autour du stade entre deux matchs et une expo mais pas que (ouf). On a des Moto-écoles, une auto école, la zone des supporters visiteurs pour jouer aux boules, pour balader son chien et de la place pour faire un barbecue entre deux voitures et faire des courses de voitures téléguidées.

Et puis il reste encore quelques oiseaux rares, quelques écureuils, une sauterelle de Noël, des capricornes et des jardins ouvriers à côté de la déchetterie le long du périphérique.

Au bord de cet étrange univers les quartiers sont morcelés:

  • coupés par un boulevard,

  • coupés par une 4 voies,

  • coupés par des grillages et des murs,

  • coupés socialement.

L'air est pollué mais beaucoup moins qu'à l'époque des cités en bois et sous nos pieds, on trouve encore de l'arsenic.

L'erreur urbaine a toute sa place ici même si au fond c'est pas si grave.

Interlude "Y'a de la joie dans les ghettos"

La fabrique de la Bile (ville), c'est un état de stress généré quand on a goûté au "monologue citoyen" (dialogue) local .

C'était au mois de septembre 2017, une météorite du nom de YELLOPARK arrivait dans le quartier pour le transformer en boites de sucres.

Un terrain de 23 hectares, un non lieu de vie, un tiers lieux mi sauvage abandonné à une drôle de chimère: une hydre à trois têtes.

 Du rayonnement qu'ils disaient...

Un gâteau d'espace public à bétonner et pas cher, une sorte de "Curée nantaise" bradé à 47 € le m² à un promoteur, un directeur de foot véreux et à une maîtrise d'ouvrage cachée : Nantes Métropole.

Allégeance

Le quart restant étant pour les habitants, les miettes: les promesses d'une halle marché et d'ilots de fraicheur à l'ombre des tours en passant par une passerelle douce au dessus du "périph".

Un projet de 50000 m² de bureaux, des milliers de logements, une tour de 120 m de hauteur, un patrimoine amianté, le stade de la Beaujoire, mondialement connu; promu à la destruction.

Et un stade business tout neuf à construire collé à des habitations au bord d'une zone inscrite : l Erdre et dans le périmètre d'un bâtiment classé: la mairie annexe du quartier.

 Non au béton! Oui au bonbon!

Nos élites, depuis 2016 imaginaient ce jolie projet nommé "Colisé" en secret, sans les habitants, entre gens de bonnes familles.

Un quartier attractif clé en main, entièrement privé, un "nouveau cœur"pour la Beaujoire.

Drôle de cœur, lors de la première réunion, des dizaines de cars de CRS étaient positionnés le long de la rue des pays de la Loire. De quoi avaient ils peurs?

L'erreur est urbaine ici en serait l'incarnation; la suite on la connait maintenant qu'elle passe même sur France Culture.

Les habitants se sont mobilisés pour dire NON; se sont organisés, se sont associés.

Pendant 2 ans, une convergence improbable a eu lieu entre habitants, avocats, supporters, une ancienne résistante, de jeunes urbanistes, un géographe, des juristes, des ouvriers, des cadres, des écologistes, l'architecte du premier stade, des commerçants ambulants, des gens.. 

 

Et le quartier a été "stické" massivement plus d'une année par une horde d'individus un peu fâchés.

Et les supporters de foot chantaient!

La Beaujoire était une ZAD dans les années 80.

Bref, aussitôt arrivé, aussitôt reparti, le projet urbain secret a été abandonné début 2019. 

Puis un épisode délirant de double stade: "2 stades côte à côté vous dites" ? 

La passerelle pour les mobilités douces au dessus du périphérique : abandonnée. La halle marché : abandonnée. Les quelques éléments tangibles, désirés, nécessaires: abandonnés. Les riverains: lessivés !

 

2021, toujours pas contents les habitants?

Depuis l'abandon, quelques soubresauts de la part d' habitants: une carte sensible du quartier a été réalisée avant les élections juste avant le Covid puis une carte carrée pour illustrer des intentions d'aménagement d'habitants..

La métropole reste fidèle au dogme de la métropolisation, de 29 000 habitants l'objectif c'est 40 000 sur Nantes Erdre !!! Un non dit. Des immeubles partout, "c'est comme ça", un département disparait tout les 7 ans, 'on lâchera rien", faut construire la ville sur la ville, faut construire des logements pour faire chuter les prix...

Blablabla, ça ne marche pas vraiment, le prix du m² explose et c'est aussi la ville du "sale quart d'heure" pour beaucoup d'habitants, osons le jeu de mot.

De Yellopark, Nantes Métropole n'a donc rien retenu; le dernier projet PARIDIS sous forme d'un PUP (Projet Urbain Partenarial) le démontre à nouveau. 30 000 m² de bureaux, 4 000 places de parkings supplémentaires, imperméabilisation des sols, accroissement de la destruction du petit commerce.

La nausée!

Les projets d'aménagement urbains sur Nantes Métropole sont opaques, peu démocratiques et ne respectent pas toutes les règles du code de l'environnement :

  • Les objectifs du PLUM (Plan Local de l'Urbanisme) pour le respect de la biodiversité : balayés.

  • Les objectifs pour stopper l'imperméabilisation du sol: balayé.

  • Le dialogue citoyen: bafoué.

  • La transparence: oubliée.

Rue Ouche buron, l'arrivée de 1400 nouveaux habitants inquiète. Ils seront prochainement coincés entre le périphérique et le tramway." Ça va être un bordel monstre" alerte un technicien de la métropole en off.

On se prépare à accueillir des familles, des enfants, des ados à qui on promet de venir respirer le grand air du périphérique, un air qui tue 40 000 personnes (au moins) prématurément chaque année en France.

Aucun parc pour se distraire à proximité n'a été imaginé, surement la faute à l'abandon du Yellopark... Pas d'espaces de jeux, saturation des lieux de sports et écoles actuelles alors qu'a proximité on a plusieurs quartiers prioritaires: La Halvêque, le Ranzay, Port Boyer..

Les habitants commencent déjà à percevoir les conséquences du manque d'anticipation de nos élus, sur St Joseph de Porterie: tension pour des stationnements, déchargent sauvages, bouchons matin et soir, de plus en plus de vols, disparitions de petites faunes (oiseaux, mammifères..), cambriolages, incivilités gratuites.

Une ambiance de défiance. Le vivre ensemble a été tellement oublié que nos élus s'interroge sur un espace socio culturel dans la bourgade.

Nous serions des privilégiés à Nantes, on aurait des problèmes de riches avec le magnifique parc de la Roseraie, l'un des 100 parcs de la ville. "Oui mais"... le parc commence a être saturé aux beaux jours.

Ce parc sert d'alibi pour bétonner tous les vergers et une grande partie de notre dernière forêt au lieu dit du champs de manœuvre.

On nous rappelle qu'il y a une plaine de jeu juste à côté. Plaine squattée durant 3 années, polluée à l'extrême par des tonnes de carcasses de voitures et autres poubelles qui ont fait oublié que ce secteur ludique existait: stade de foot avec but sans filet, terrains de tennis sans filet, un Skatepark avec 3 modules obsolètes pour apprendre à rouler sur des feuilles mortes.

L'absence de dialogue avec nos élus ne serait il pas la sève de l'erreur est urbaine ? Des questions à la pelle, pourquoi :

  • n'anticipent t ils pas assez ?

  • n'y a t il pas de vision d'ensemble ?

  • une fois élu, ne consulte t on plus les électeurs ?

  • préfère t on, à priori, les promoteurs et les investisseurs ?

  • préfère t on, à priori, les mastodontes de la distribution alimentaire ?

  • considère t on, à priori, les arbres comme des objets ?

  • fragmenter et diviser la ville en micro quartiers souvent enclavés  ?

  • transforme t on nos villes en "smart City", en musée ou en parc d'attraction ?

  • nos rues ressemblent à des rayons de supermarchés ?

  • des gens dorment encore dehors alors qu’il y a des bâtiments vides ?

  • Pourquoi Airbnb, pourquoi des alignements d'immeubles étouffants, pourquoi "la nature en ville" et pas "la Nature vivante en ville" ?

    ....



 

 

 

 

 

 


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