CONTROVERSE – 30 MARS 2021
DU YELLOPARK A LA CARTE SENSIBLE
RENCONTRE AVEC DES ETUDIANTES ET ETUDIANTS URBANISTES
(Notes)
C’est le moment où de jeunes urbanistes rencontrent des riverains pour comprendre l’histoire d’un fiasco.
Introduction :
YELLOPARK découverte dans la presse en septembre 2017.
Un projet construit avec un promoteur inconnu : REALITE, un président de club de foot, et un maître d’ouvrage caché NANTES METROPOLE.
Le projet : Destruction du très jeune stade de la Beaujoire, construction d’un nouveau stade en limite d’une zone inscrite : la vallée de l’Erdre. 3000 logements sur 23 hectares d’espaces publics dont 9 hectares d’espaces verts.
Au palais des expositions est organisé une rencontre pour faire connaître le projet aux riverains.
Ce jour-là des dizaines de cars de CRS sont garés le long de la rue des pays de la Loire car déjà quelques supporters s’étaient réunis.
On tombe des nus. Le ciel nous est tombé sur la tête. Une météorite est arrivée sans prévenir.
Le projet a été préparé en secret depuis 2016, il s’appelle le « Colisée », Rome, un projet antique, l’Empire romain…Quel orgueil !
Présentation d’un calendrier, que tout soit prêt pour la coupe du monde de rugby de 2023, les JO 2024.
Un « nouveau cœur pour la Beaujoire », la communication est au cœur du projet.
Il n’y a pas d’alternative. Ça nous rappelle les années libérales Thatcher.
Nantes Est est la zone la moins dense de Nantes, l’attractivité est le maître mot, la région accueille 6 à 8000 habitants de plus chaque année, c’est la compétition entre les métropoles. Il faut bétonner, densifier, aller vite, hyperdensifier. A côté de ça nos campagnes sont vides aux quatre coins de la France !
Le dialogue citoyen :
Des ateliers « Dialogue Citoyen » pilotés par NANTES METROPOLE s’organisent dans le stade. On est réuni à des tables, les questions sont biaisées, rien ne tourne autour de l’imaginaire collectif, le prise en compte de nos désirs, de nos usages. Exemple de question, voulez vous le stade plutôt à droite ou plutôt à gauche ?
Et si on n’en voulait pas du nouveau stade ? La Beaujoire est notre patrimoine. Que faites-vous de notre Histoire du quartier ? La baratte, les maisons ouvrières ? Et si on veut garder nos espaces verts ? Et si on trouve que le quartier est déjà complètement saturé, qu’on frôle l’asphyxie entre les matchs, le périphérique et le palais des expos ?
On nous vend un projet neutre en carbone, innovant, BPOS, premier quartier BPOS. Du rêve, pour nous c’est juste du blabla de promoteur. Car étonnement, la destruction du stade n’a pas fait l’objet d’un bilan carbone…
Le choc : la découverte du projet urbain :
Une tour de 120 m de haut qu’on sent déjà être un chiffon rouge n‘ayant d’autres but que de détourner l’attention. L’impression d’être pris pour des …
Les riverains s’organisent : pétition, rencontre avec la maire de Nantes, on parle de mafia, elle s’esclaffe, comment pouvez-vous associer avec un évadé fiscal et un personnage comme Kita ? Tout va vite, on se réuni chaque semaine, on rencontre d’autres associations, on redécouvre l’Histoire du quartier, son passé ouvrier, ses luttes passées au Batignolles, sa richesse faunistique, sa flore.
Les réunions ne se passent pas très bien, les critiques fusent. Tout est vertical, descendant, infantilisant.
De là intervient la CNDP, une obligation, une omission, une instance présidée par Chantal Jouanno qui désigne 2 garants. Des garants qui sont là pour vérifier que les temps de paroles, les débats sont justes et équilibrés.
La tour « Joubert » du nom du promoteur immobilier est supprimée, on le savait qu’elle ne tiendrait pas, c’était un épouvantail. Le nombre de logement est revu à la baisse, de 3000 on passe à 1500.
La CNDP rend son rapport en juillet 2018.
L’ARALB :
Nous déposons une contribution à la fin des débats en mai 2018 qui synthétise notre avis sur ce projet.
En Juillet 2018 création de l’association des riverains et amis de la Beaujoire. La ligne importante : être apolitique ! 200 adhérents.
On devient citoyen… militant !
T-shirt, banderoles sur nos maisons, affiches, stickers, compte TWITTER, pétition en ligne, pétition papier, on fait du porte à porte, rdv avec les journalistes, création d’un blog GRINPARK.ORG, on fait des communiqués de presse, on va voir Chantal Jouanno Paris. Elle nous écoute. On s’associe avec les BRIGADE LOIRE, A LA NANTAISE, les commerçants ambulants du stade, on va voir les politiques, les communistes, les verts, les oppositions.
Le 25 septembre 2018, première AG pour notre association, la participation est forte.
On est en plein vote du PLUM en octobre 2018, on fait appel à des avocats, on investit de l’argent, on trouve une faille, nous sommes prêts à aller en justice. On lance un crowdfunding.
On invite les riverains a participer massivement et à déposer des observations.
Abandon du projet urbain :
Le 9 novembre 2018, joie, malgré cela, il subsiste les 2 stades.
On touche au ridicule, 2 stades côte à côte….
Le projet est finalement abandonné quelques temps après en février 2019 suite à une enquête du Parquet National Financier au sujet de KITA, président du FC NANTES.
Tout s’arrête donc, circuler y’a rien à voir, démarre le statu quo
Un grand vide. Sentiment de gâchis, d’avoir été trahi par la mairie.
Nos espaces publics ne sont pas à vendre. C’est notre bien commun.
La fabrique de la ville et le dialogue citoyen : une mascarade.
On nous vend Nantes comme attractive, capitale verte, une ville où il fait bon vivre, une ville innovante, écologique, en phase avec son temps.
Derrière le fiasco de ce projet, de la souffrance qu’il a généré chez les habitants de nos quartiers, de l’énergie qu’il nous a demandé pendant 2 années, des pleurs, des gens qui déménagent. Ce projet a été comme une déchirure derrière la victoire de l’abandon.
Avis tout à fait personnel : L’impression que les porteurs de ce projet n’avaient pas mesuré le changement de la population depuis une dizaine d’année. Peut être pensaient ils pouvoir passer en force face à une population vieillissante et/ou invisible, dans le sens dépolitisé. La plupart des nouveaux arrivants sont jeunes, pour beaucoup, ils veulent vivre dans des quartiers où il fait bon vivre, pas entourés de tours de béton ; cela a forcément joué dans le rejet quasi unanime de ce projet.
Le promoteur nous a taxé de petits propriétaires bourgeois sans nous connaitre, d’anti tout.
Cela nous a galvanisé mais nous n’aurions pu annuler ce projet sans les supporters, sans l’aide des écologistes, sans l’union des oppositions, c’est la convergence qui nous a permis d’enterrer ce projet.
Le rebond :
Juillet 2019
Nous décidons de poursuivre l’aventure, comment, faire une maquette, faire un plan. Avec des urbanistes, des architectes.
On s’associe avec un éditeur A LA CRIEE à Rezé, on organise des ateliers, à la bibliothèque (En décembre 2019), à la maison des ouvriers des Batignolles, chez l’habitant.
Naissance de la carte sensible, une carte qui représentera 8 couches avec ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, YP, la nature, les coins remarquables, le foot, la biodiversité, les mobilités, nos aspirations.
Le travail dure jusque mars, c’est notre jalon. Ce sont les municipales, nous organisons un vernissage le 5 mars 2020, 80 personnes sont présentes dans le seul café emblématique du quartier, le café St Georges.
Chaque candidate et candidat est venu ou leur représentant, nous présentons notre carte puis nous laissons les intervenants parler 10 minutes chacun.
L’adjoint Thomas Quero, en charge de la ville, nous indique que nous avons été entendus, que le projet YP a été annulé. Nous retiendrons surtout que la ville attire toujours autant de monde, c’est comme ça, inévitable, les territoires suivront… Et puis cessons de nous plaindre nos maisons prennent de la valeur…
Nous comprenons la nécessité de lutter contre l’étalement urbain, ce que nous ne comprenons pas c’est pourquoi vider des territoires et vouloir entasser des gens au même endroit. On perd en qualité de vie, les jeunes couples ne s’y retrouvent pas et finissent par quitter la ville pour s’installer hors des villes devenues trop chers et invivables pour les enfants.
La route de Carquefou a des allures de ville nouvelles, le Boulevard de la Beaujoire est bétonné, tout comme St Joseph de Porterie, Ouche Buron, Les Batignolles, les Marsauderies…
Nous assistons à différents meetings pour distribuer notre carte. Dans tout le quartier, plus de 1000 cartes comme celles-ci sont distribuées. L’accueil est chaleureux, les gens l’accroche dans le salon, au-dessus du lit.
Le Covid arrive…
On créer fin décembre 2020, la carte carrée, un plan masse. On organise des PROPNADE pour nettoyer le quartier devenu une déchetterie à ciel ouvert du fait du confinement. On découvre d’autres associations du quartier pour tenter de partager notre projet.
Avec notre carte carrée, nous listons nos souhaits, c’est une sorte de cahier des charges.
Nous interpellons le « bureau des projets » nous voulons préserver notre parcelle, nous voulons l’aménager, occuper l’espace.
Nous craignons les JO 2024 qui peuvent se placer au-dessus des lois, au-dessus des PLUM… Pour le sacro-saint intérêt général.
On rêve de lancer un appel d’offres citoyens, on veut mener la danse en proposant des choses qui viennent du bas vers le haut, des usagers vers nos décideurs souvent déconnectés du terrain.
A suivre…
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